Enseignant-chercheur en Chimie des Substances Naturelles à l’UFR de Pharmacie de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, 48 ans et passionné par la démarche mentale et expérimentale qui conduit à la découverte… de nouvelles substances actives…, mais aussi de nouveaux de lieux, de nouvelles lumières. Bien souvent, la solution est là, pas bien loin, tapie dans l’ombre… et c’est un point de vue particulier, singulier qui permet de la faire surgir. Le texte ci-dessous présente ma démarche de photographe amateur et passionné. La main de l’homme, l’insidieuse propagation de l’humidité et de l’oxydation, comme autant de morsures, de processus gangréneux, déchirent, malaxent, triturent, effacent matières et couleurs. De passage… Observateur… Témoin… Sans toucher, ni déplacer, sans prendre ni casser… Juste être capable, par l’acte photographique, de figer dans le temps le processus lent, continu et inéluctable qui conduira à la disparition. Les rais de lumières, transperçant persiennes et orifices des toitures abimées telles des flèches, magnifient les matières et les couleurs, métamorphosent les lieux, au grès des heures et des saisons, offrant à l’œil de l’explorateur-témoin un tableau éphémère, fascinant, parfois grandiose mais toujours empreint de mélancolie. Après la décharge d’adrénaline, la libération de dopamine et d’endorphines suscitée par la découverte, monte inexorablement la vague mélancolique… les monoamines oxydases sont à l’œuvre dans notre cerveau et digèrent lentement notre sentiment de plaisir pour le muer en spleen… les couleurs s’estompent et les ombres, les silhouettes apparaissent sous nos yeux… Des êtres ont vécu, ont travaillé ici… Le regard se mue alors en un détective un peu voyeur, un peu violeur. Là une brosse à dents, là une paire de souliers, et là, jonchant le sol, des noms de malades sur des dossiers médicaux… Fatigué, un peu saoul, comme en apesanteur, à côté… Il est temps de partir, en sachant que plus jamais ne se reproduira l’exacte alchimie qui s’est révélée aux les yeux de l’explorateur. Le lieu visité et les êtres qui l’ont peuplé viennent de mourir un peu plus… Seul, devant l’amoncellement des millions de pixels, l’explorateur-photographe n’a alors de cesse que de trouver les paramètres de développement qui lui permettront de remonter le temps, de revivre à nouveau l’instant magique et trop éphémère, avec l’impossible espoir de le fixer pour toujours…