EN TRAIN
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
A perte de vue
Au rythme de notes entêtantes et monotones
Se déhanchent les wagons peinturlurés
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
Les paysages verts succèdent aux lugubres murs
A travers les rideaux fleuris
Qui laissent passer le soleil tâché de poussière
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
Lire, rêver, parler, se taire
Peu importe où l’on va
Dans ce compartiment devenu demeure
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
Les effluves de poulet pané se mêlent au parfum de charbon brûlé
Les coquilles des œufs durs vont retrouver les plis du journal déjà vieux
Le train berce ses passagers alanguis
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
Dehors, il fait nuit
La lumière clignote
Au-dessus des corps engourdis
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
Les rêves sont parvenus à s’échapper
Par-delà les draps humides, la couverture rêche et la fenêtre close
Face aux yeux grands ouverts
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
Les rails se croisent, s’éloignent, se rejoignent
Le chemin de fer se perd dans les montagnes
Le sommeil submergé de pensées l’accompagne
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
Les puces rassasiées
Abandonnent bras et jambes épuisés
A leur réveil chaotique
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
Le thé sombre tremble dans la tasse
En verre argenté
Qu’une main ferme retient de tomber
Tchaqui tchaca tchaqui tchaca
Le temps, arrêté
Les frontières, ignorées
Oubliée l’arrivée, ô cahotante bulle de liberté
Tatiana Termacic