Description de l’exposition envisagée :
À partir de dessins réalisés d’après des photographies d’anonymes prises pour la plupart au Maroc et retrouvées dans les albums de famille, Ghizlène CHAJAÏ partage ses investigations et sa volonté de se réapproprier son histoire entre imagination, émotions et exotisme. Les couleurs et motifs de ses « histoires floues », autant de filtres de la mémoire traduisant l’ignorance et les tentatives de reconstruire ses souvenirs, nous invitent à nous questionner sur nos origines plurielles et nos identités complexes. « J’ai depuis quelques années un petit album de photographies de famille en noir et blanc prises pour la majorité en studio au Maroc et également en France. Je ne connais pas la plupart des membres qui y figurent. J’ai essayé de me remémorer des histoires de famille pour deviner si ces personnes sont du côté maternel ou paternel. Je juge aussi de leur ressemblance pour faire des rapprochements et les seuls indices à ma disposition sont les dates et plus rarement des lieux inscrits au verso » confie l’artiste. Un travail d’enquête qui la mènera au croisement de plusieurs continents, plusieurs pays et plusieurs cultures, puis une envie de se réapproprier son histoire par l’imagination. D’abord en reproduisant ces photographies en dessins de grandes tailles, puis en prêtant des couleurs aux clichés en noir et blanc. Pour traduire sa confusion, son ignorance et reconstituer les brides de souvenirs de récits, elle utilise des calques qui viennent occulter en partie les dessins initiaux pour leur donner un nouveau sens, une autre lecture, comme filtres de la mémoire. En réinterprétant ces photographies de famille, Ghizlène CHAJAÏ questionne la fabrication des images - existantes ou mentales - et plus largement elle interroge les notions de mémoire collective, de transmission, d’hérédité et d’identité. De la migration vers un autre pays, comment s’approprier son histoire et quelles cultures nous définissent ? Qu’est-ce que nous retenons de celles-ci ? Comment choisit-on de se définir ? Quels sont les éléments à notre disposition pour le faire ?
Biographie:
Ghizlène CHAJAÏ est née en 1982. Elle vit et travaille à Strasbourg. Diplômée de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg en Art et en Textile, l’hybridation est au coeur de sa démarche artistique, notamment aux travers des notions de mélange (anatomique, physique et génétique) et de métissage (culturel, social ou génétique). Le mélange commence tout d’abord par sa pratique pluridisciplinaire sans frontière de medium alliant le dessin, la confection de costume ainsi que la mise en scène photographique. Il peut également se traduire par le détournement d’éléments folkloriques, la récupération d’un lexique de guerriers (masques à gaz inspirés de différentes époques, blasons, épaulettes..), la référence à diverses cultures ou par des emprunts au cultuel, au rituel et au religieux, comme dans sa série À nos corps défendant. Le but étant de créer une confusion chez le spectateur. Cette privation de sens renvoie à la perception du mystère qui consiste à comprendre que nous ne comprenons pas. Il y a aussi l’idée d’un retour sur soi et en soi, un outil qui favorise un regard sur l’intime et la mémoire. L’impression d’étrangeté ou d’absurdité qui résulte de l’hybridation de ses oeuvres, pose la question universelle du mystère de l’origine. Ce qu’évoque Albert EINSTEIN en ces termes : « J’éprouve l’émotion la plus forte devant le mystère de la vie. Ce sentiment fonde le beau et le vrai, il suscite l’art et la science » (Albert EINSTEIN, Comment je vois le monde).
Techniques utilisées: techniques mixtes et papier calque.
Format des oeuvres: 60x80cm (2) 50x70cm (1) et 40x50cm(3) (elle peut encore produire des dessins pour en avoir plus sur la série, plus sur des format 40x50 cm), elle peut également faire des tirages limités (type poster ou affiche) pour la vente.