Amicale

Today our colleague Bohumila Ottová gives us food for thought with this magnificent original poem.

La servitude volontaire 

Bohumila Ottová

 

Je suis la chaleur

Je suis le bruit

Je suis l’ogre

qui rôde dans la nuit

 

Je suis le rouge 

Je suis le sang

Tu m’évites, je te trouve. 

Tu me cherches? Attends!

 

Je suis le cri

Je suis ton épouvante. 

Je suis ton espoir. Qui?

Une vague écumante. 

 

Je suis le tsunami 

qui bouillonne 

monte 

gronde

hurle

 

Je ne connais pas de maître 

pas de cage,

limite,

ni mur. 

 

Je suis la vague qui déferle

dans la fièvre

dans le feu

dans la douleur 

 

On me crie dessus :

Va-t-en!

Reste !

Quelle horreur !

 

On me fuit 

On me maudit 

On m’accueille

On s’émerveille 

 

Je pousse les voiles 

Je donne des ailes

Je souffle en rafales

Je donne la mer, le sel. 

 

Je suis la mort

Je suis l’ardeur

vous, mes dévots brisés

affamés

en manque 

et grisés

 

Je suis toi, moi, nous

écorchés

brûlants

glacials

adoucis

tendres

en quête du graal

 

Je suis la faim,

Je suis la soif,

tous les éléments déchaînés 

 

Je suis votre fouet,

Je suis le magma,

les fers

que vous vénérez

 

Je suis votre vie 

Je suis votre âme

Je suis moi, toi, nous

 

Je suis l’ogre,

Je suis l’Amour 

Je suis debout. 

Vous, à genoux.