Lorsque j’ai commencé à peindre en 2007, c’est vers l’abstrait que je me suis spontanément tourné. L’abstraction proposait une grande liberté créatrice, un espace quasi illimité pour donner libre cours à mon besoin d’expression. J’ai commencé sur du papier puis pour des raisons pratiques j’ai réfléchi à un support adapté qui aurait les propriétés du papier et une structure facilitant l’exposition. N’aimant pas la toile sur châssis, j’ai préféré le PVC au potentiel prometteur. Le PVC est lisse, souple et solide, il s’adapte parfaitement à ma façon de peindre, à plat sur le sol. Apprêté, il offre en plus une vraie garantie dans le temps et s’accommode avec tous les médiums (encre, acrylique, laques, etc). C’est une matière très intéressante, adaptable, résistante et que je trouve moderne. Ma technique s’élabora par tâtonnements et expérimentations. L’eau devint très vite un élément constitutif de mon travail, parfois simple diluant, parfois utilisée pour d’autres propriétés. Mélangée à des encres, des laques ou des acryliques, je cherchais surtout à composer une surface colorée complexe et dense, parfois harmonieuse, parfois pas, équivalent en cela à la symbolisation d’un psychisme humain. Pour autant en 2015 j’ai senti le besoin de revenir au dessin et à la figuration. Mais j’essaie de l’aborder différemment, en voulant conserver d’une part les propriétés essentielles de l’abstraction que sont la liberté de mouvements, la prédominance de l’expressivité sur le sens, l’impact émotionnel, et d’autre part en développant une technique singulière qui respecte et prolonge le mouvement du corps et donne au geste une personnalité et une empreinte forte. Le passage par le dessin traditionnel me paraissait fastidieux et restrictif. En choisissant le peigne et la spatule que je plonge dans de l’encre de Chine, j’obtiens des résultats inattendus. Certes, je marche sur un fil à chaque réalisation et l’échec clôt souvent ma tentative, mais je demeure dans l’excitation de l’instant et d’une réalisation ouverte, «instinctive». Je m’inspire d’une photo, mais l’image qui apparaît s’en écarte pour ne pas tomber dans l’imitation et proposer une figuration décalée ou enrichie. Le thème du portrait s’est imposé tout naturellement. Le visage est le support du désir et de l’émotion. Telle une fenêtre sur soi, il témoigne d’un vécu. Mais les enjeux du portrait vont bien au-delà de la simple représentation. C’est aussi et surtout une frontière où se joue les échanges entre les coulisses de notre monde intérieur et la scène extérieure, cette «autre réalité». J’ai ressenti l’envie de porter un regard plus «honnête» sur des «gueules» et de laisser, par un effet miroir, transparaître des états personnels. Je veux croire que le dessin et la couleur sont porteurs d’un large potentiel pour provoquer une émotion «esthétique» et animer l'être en son cœur. Mes tableaux sur PVC font 1m sur 1m20. Les portraits 70 sur 50 cm environ.